Pour celles et ceux qui me suivent sur twitter, le texte qui suit, va vous sembler familier, car j’en parlais ce matin. J’ai repris mes tweets par ici (que j’ai au passage corrigé) et je suis rentrée davantage dans le vif du sujet, afin d’approfondire mon ressentie, j’ai pourtant pas pour habitude de faire ça ici, mais le sujet, la cause et ce qui en découle me tient à coeur… 
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Ce matin mes tweets ont donc commencé ainsi :
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Avec TOUT ce que l’on voit passer sur Instagram, Youtube, Facebook (nichons, culs, strings, drague, drogue, vulgarité et j’en passe…) soit quelques milliards de vus/jours par des ados, vous arrivez à être scandalisés par « On a chopé la puberté » vendu à 5000 exemplaires ?
 
Contrairement aux 145 000 personnes qui ont signé cette pétition, je suis allée (enfin j’ai demandé à ma mère qui travaille à côté d’une librairie) d’acheter ce fameux livre, parce que bien évidemment ayant deux filles de 9 et 11 ans je me suis sentie concernée.
 
Et pour être très honnête, effectivement je ne trouve pas que cet ouvrage soit réservé à des jeunes filles de 9 ans, ni de 12, ni de 13 … bref vous m’aurez compris, MAIS j’ai LU / VU des choses bien plus inquiétantes et/ou dangereux pour nos jeunes depuis de nombreux mois sur tous supports confondus (presse, livres, séries, télé, réseaux sociaux et même dessins animés).
 
J’ai donc passé deux heures à lire « On a chopé la puberté » dans sa totalité, en cachant chaque page dès que Laura et Maelle s’approchaient de moi (oui vous m’avez drôlement fait flipper) et le premier point qui en ressort est que le livre a pour but de donner confiance en soi et d’accepter son corps tel qu’il est. C’est sincèrement ce que j’ai ressenti même si cela est parfois exprimé maladroitement pour des jeunes lecteurs, je vous l’accorde. 
 
Ce qui est vrai dans ce livre, est que la poitrine (qui est souvent pointée du doigt sur les screens du livre que l’on voit sur les RS) est une VRAIE source de complexité à la puberté qu’elle soit petite ou grosse, c’est effectivement un vrai sujet chez nos jeunes, et croyez-moi ça commence très tôt. Attendez que votre enfant soit en 6ème (si ce n’est pas le cas) vous allez voir le changement corporel et de vocabulaire est radical ! 
 
J’avais moi-même une amie qui n’avait pas du tout de seins en seconde et qui se sentait très très très complexée, parce que nous en avions toutes (j’étais moi-même complexée, par une poitrine généreuse, qui me complexe toujours au passage mais ce n’est pas le sujet)  et effectivement elle pensait que les garçons ne s’intéresseraient jamais à elle à cause de ce détail ! On en a beaucoup rit à l’époque, (un peu moins elle, hein) on la taquinait !
 
Alors en lisant vos tweets hier et vos commentaires facebook, je me suis sentie un peu bête, j’ai même trouvé notre raisonnement de l’époque assez fou, et honteux ! Je me suis dit : mais en fait, à l’époque, on ne pensait qu’à plaire aux garçons ?? à 14/15 ans ? Est-ce si grave que ça ?
 
Parce que le passage du livre « mes seins poussent, chouette je vais attiré l’attention du BG » et bien, nous, notre bande de copines nous l’avons vécu ! Et je me suis sentie très mal qu’il soit pointé du doigt à ce point ! Avec le recule oui c’était ridicule mais à l’époque c’était aussi (« très ») important.
 
Les filles, avez-vous oublié votre jeunesse ? Vos fous-rires autour des mecs, vos doutes sur votre corps, le complexe de votre poitrine ? Vos échanges pas toujours très brillants, mais tellement drôles sur la vie en général (les garçons, l’école, les parents) à 12/13/14/15/16/17 ans ? Moi je m’en souviens très bien, je n’en suis pas très fière c’est vrai, mais « bizarrement » j’en garde un très bon souvenir. 
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Pour en revenir sur un autre extrait du livre, qui a été repris plusieurs fois, celui où un garçon dit à la jeune fille qu’elle a les tétons qui pointes : OUI il y a un manque d’éducation concernant ce jeune homme, mais OUI en 2018 ce comportement existe encore, OUI les jeunes filles, les femmes se font encore siffler en pleine rue ? Doit-on le cacher à nos enfants ? Est-ce pas justement une façon de leur expliquer ce qui peut éventuellement se passer quand tu commences à aller à l’école ou sortir seule pour acheter un goûter à la boulangerie du coin ?
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Pas plus tard que la semaine dernière alors que j’étais avec mon mari, un homme est venu me glisser dans l’oreille « elles sont belles les vendéennes », avec un regard malicieux, alors que j’étais en doudoune, grosse écharpe et bonnet écrasé sur la tête entrain de vider le coffre de ma voiture dans une benne d’une des déchèteries du 78. Il n’a pas parlé de mes seins (de toute façon, là pour le coup il ne pouvait pas les distinguer, mais c’était tout comme, je me suis sentie très mal alaise !
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Alors, quoi dire ? Que ça m’attriste de voir 145 000 personnes (145 car j’espère que les 5000 autres ont acheté le livre) aient suivi une pétition dont ils ne connaissent pas réellement le contenu ! Encore une fois on censure, trois jeunes femmes qui ont sans doute travaillé dur ! ET PUIS,
s’il y a bien une chose que j’apprends à mes filles chaque jour, est qu’il est important de respecter les autres. Tu as le droit de ne pas t’entendre avec telle personne, de ne pas aimer son travail, de ne pas aimer sa façon de s’habiller ou de s’exprimer…. Si ça ne te plaît pas, ne porte pas de jugement, passes à autre chose, qui sait, peut-être que d’autres trouveront ça intéressant sur certains points ?
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Chaque éducation est différente, nous faisons de notre mieux, (et ce n’est pas toujours facile)(perso on en chie pas mal de notre côté) mais le mieux est d’aborder ce sujet de la puberté, de la sexualité avec votre enfant, plutôt que de lui mettre un livre entre les mains non ? 
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Personnellement c’est ce que je fais, et même si des fois c’est un peu maladroit, je n’ai aucun mal à parler de garçons, de poils, de « nénés » qui poussent, et de sexualité avec mes deux filles.
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En soi rien ne vous oblige à acheter ce livre (?) En tant que parents c’est à nous de faire l’éducation de nos enfants comme on l’entend, pas à un ouvrage, même si il est vrai qu’on en trouve des très bons pour nous aider quand on se sent un peu perdu.
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Alors pourquoi avez-vous si peur des mots ? Parce qu’il ne s’agit que de mots ?
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Le seul conseil que je pourrais vous donner ici, (vous le prenez ou pas, faites-en ce que vous voulez, parce que en soi, je n’ai pas vraiment de conseil à vous donner ;)) est que : peu importe le livre que vous choisissez d’offrir à votre enfant, quand il s’agit de sujets importants, tels que la sexualité, le racisme, la drogue, la religion… lorsque le sujet est institutionnel et bien lisez-le avec lui.
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Personnellement, ce livre ne me fait pas peur, je l’ai lu et pourrais le relire avec Laura si un jour elle me le demande. Ce n’est pas un livre que je recommande pour les jeunes enfants, c’est vrai, mais je peux vous recommander de le lire à 2, à partir de la rentrée en 6eme par exemple, parce que, que l’on soit d’accord ou pas, cela permet d’échanger avec votre enfant tout en lui expliquant le pourquoi du comment vous n’êtes pas d’accord avec telle ou telle chose. Et l’échange, l’écoute, les conseils, il n’y a rien de mieux pour « nos petits ».
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Je finirais par dire que, censurer un livre car on n’est pas d’accord avec le contenu est vraiment triste encore plus quand il est « vendu » (je mets des guillemets car il en reste encore) à seulement 5000 exemplaires MAIS critiqué par plus de 200 000 personnes. En extraire 4/5 pages sans avoir pris en compte sa globalité soit 80 pages ne peut pas aboutir à une critique construite.
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Comment, 3 ans après Charlie et sa liberté d’expression, on arrive à obtenir l’arrêt d’une BD (sans doute maladroite sur certaines phrases) humoristique… Vraiment je me pose la questions.